WILD THINGS, LE LIVRE

" Étrange petit livre, mais qui trouve des tangentes pour nourrir une vraie réflexion. Yuval Dishon est un homme de théâtre. Son texte est une sorte de monologue théâtral sur l’histoire, les historiens, l’usage puis l’abus des mots, les pourrissements politiques insidieux débouchant sur des crises graves. L’inspiration du texte vient d’échanges avec l’historien Patrick Boucheron, lequel signe d’ailleurs la préface et explique aussi, dans une postface, comment, à eux deux, ils ont pu créer un spectacle fait d’images allégoriques mystérieuses. Oui, l’historien analyse des situations passées dont il connaît évidemment les développements et les conséquences ; contrairement aux acteurs de l’époque considérée. Souvent, les conséquences ne sont pas celles qu’avaient prévues les observateurs contemporains. Mais l’historien peut suggérer des analogies avec le temps présent. Un passage captivant du récit se déroule devant la fresque peinte à Sienne, au XIVe siècle, par Ambrogio Lorenzetti. Y sont évoqués
l’ambiance et les personnages de ce régime politique dit de la Commune ; régime étonnant et très démocratique, très participatif. Mais on y sent comme une inquiétude, une menace avançant masquée. Pointe le risque, mais aussi la tentation de s’abandonner à un homme fort qui prendrait
tout en main. En fait, très peu après, l’épidémie de peste assomma Sienne qui s’abandonna au pouvoir de Florence. C’en était fini pour Sienne de cette période historique remarquable. Un exemple aux yeux de l’auteur qui avait étudié cette histoire. On pense aux réflexions de Tocqueville sur la perte de responsabilité civique dans les démocraties.

Et aujourd’hui, que peut nous indiquer l’historien, avec sa connaissance et son imagination, en nous faisant vivre le passé ? C’est la question du petit livre. Vous avez dit analogies… "

Plume au vent, Société de Lecture